Si le rêve de la voiture volante a bien souvent été réservé à la science-fiction, un avenir très concret et réel se dessine petit à petit pour la mobilité urbaine aérienne. Comment faire de l’Urban Air Mobility (UAM) une solution durable pour demain ? Où en sont nos métropoles ? Éclairage.
Avec une croissance démographique et économique exponentielle, les grandes métropoles européennes font face à de nombreux défis. En matière de transports, la congestion et la pollution qu’elles génèrent
les obligent en effet aujourd’hui à imaginer dès maintenant des solutions de mobilité plus durables. Après le bus, le vélo, le tramway, les trottinettes, les téléphériques… place
maintenant au transport aérien urbain ?
C’est ce qu’entend défendre l’initiative “UAM” du Partenariat Européen d’Innovation sur les Villes et Communautés Intelligentes (EIP-SCC), qui vise à rassembler villes, citoyens, entreprises,
acteurs de la recherche et autres parties prenantes, afin d’accélérer les études pratiques pour la mise en œuvre dès 2019 de premières expérimentations.
Coordonnée au niveau Européen par Airbus, l’initiative “UAM” repose avant tout sur une approche centrée sur la ville, avec un ensemble diversifié de projets de démonstration à venir au sein
de villes et régions. L’objectif : développer par le biais d’une démarche collaborative entre les divers acteurs du territoire, des solutions concrètes de mobilité urbaine aérienne (mobilité
intra et interurbaine), ayant un impact réel en termes de problématiques territoriales.
La Ville Rose en pionnière de la mobilité aérienne
Toulouse Métropole, capitale de l’Aéronautique et du Spatial, dispose déjà
d’un écosystème très riche en matière de mobilité du futur. Elle s’inscrit véritablement comme l’un des territoires pionniers en Europe sur le développement de la troisième
dimension de la mobilité urbaine. Fortement impliquée dans l’initiative “UAM”, elle a établi en collaboration avec un ensemble de partenaires une première feuille de route d’expérimentations,
qui laisse imaginer l’étendue des applications à venir :
- Le “remote sensing” : l’utilisation de drones pour des applications environnementales ou des services urbains (traffic management, qualité de l’air, monitoring des infrastructures …), pour répondre à
des besoins de supervision,
- Le transport de matériel pour les services d’urgence et d’intervention rapide (en matière sanitaire, médicale, sécurité),
- La logistique urbaine : pour expérimenter la prise en charge de produits et services spécifiques pour lesquels la technologie drones pourrait compléter la chaîne de valeur déjà existante sur le premier / dernier
kilomètre.
D'ici 2025-2030, nous pourrons également voir
débarquer au-dessus des embouteillages de véritables taxi volants. À titre d’exemple, on peut notamment citer l’entreprise toulousaine
EVA,
qui prévoit de commercialiser d’ici quelques années un véhicule électrique et autonome capable de décoller et d’atterrir sur une place de parking.
Et une myriade d’autres projets fleurissent parmi lesquels Vahana, CityAirbus ou encore le projet Pop.Up Next développé depuis 2017 par le géant de l’aéronautique Airbus, le constructeur
automobile Audi et Italdesign, une filiale du groupe Volkswagen.
Résoudre le défi de l’acceptabilité sociale
Sommes-nous prêts à accepter de recevoir des colis livrés par drones ou à nous-même être transportés par un drone d’un bout à l’autre ? Et serions-nous d’accord pour être survolés
quotidiennement par des dizaines voire des centaines de drones ? Un des enjeux majeurs du développement de ce nouveau marché repose avant tout sur l’acceptabilité des citoyens. Plutôt que de centrer les questions sur
la technologie et les drones, il faudra raisonner à partir des besoins des citoyens et des services potentiels que nous pourrons mettre à leur disposition.
Les industriels doivent ainsi nouer des liens forts avec les collectivités qui vont avoir un rôle clé à jouer en matière de communication et d’accompagnement du changement. Pour parvenir à émerger,
l’UAM doit en effet assurer sa promesse d’un transport durable, sûr et sécurisé. Il doit pouvoir prouver au citoyen qu’il ne représente non pas une nuisance mais un moyen de fluidifier la mobilité
et d’améliorer ainsi le quotidien de tous. L’ensemble des grandes métropoles européennes vont ainsi représenter un levier incontournable dans le développement de ces solutions, avec le devoir d’impliquer
l’humain au centre de leurs décisions.
Le Digital U-space au cœur de l’initiative
La question de la sécurité et de la fluidité du trafic aérien relève de l’Air Traffic Management (ATM) avec, en France, une régulation gérée par la direction générale de l’Aviation
civile (DGAC). En ce qui concerne la mobilité aérienne urbaine, on parle en Europe de Digital U-space pour définir l'ensemble des infrastructures qui vont permettent de manager le transport de drones.
On peut imaginer que le Digital U-space va être un système fortement automatisé. Les drones vont en effet représenter un trafic très fragmenté et à très grande échelle, impossible donc à
gérer sans automatisation. Des technologies avancées comme celles de l’intelligence artificielle notamment, vont ainsi permettre de gérer différentes contraintes au niveau densité, détection et résolution
de conflit, compréhension du plan de vol, etc.
De très grands volumes de données vont être échangés ce qui pose dès aujourd'hui la question d’une gouvernance collaborative et d’une collaboration accrue entre tous les acteurs impliqués.
La réussite de l’émergence d’une mobilité aérienne urbaine durable passera alors par l’engagement des Métropoles et des territoires pour garantir le respect des règles de sécurité
et offrir de nouvelles possibilités de mobilité qui amélioreront notre cadre de vie.
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