Si l’IA générative démontre jour après jour son caractère profondément transformateur, elle est également particulièrement gourmande en ressources et en énergie. Pour répondre au défi majeur de la crise environnementale, il est essentiel d’être sélectif dans nos projets et d’orienter notre utilisation de l’IA générative vers des solutions à impact positif.
Nous devons repenser notre approche du progrès en recentrant l'innovation technologique autour de solutions qui servent l'intérêt général et participent à la construction d’un futur plus durable et inclusif. Cela signifie opérer une distinction entre une IA de complaisance et une IA d’impact ; entre des solutions propulsées à l’IA qui ne servent qu’à divertir ou consommer, et celles qui permettent d’impacter positivement notre monde et notre quotidien. Aujourd’hui les IA, génératives ou non, sont capables d’aider un foyer à faire des économies d’énergie, à choisir des produits plus écologiques lors de ses achats, ou même d’adopter une alimentation plus respectueuse de l’environnement.
Et pour qu’une IA ait un impact positif, il y a du travail. Rappelons ce dont trop peu de personnes ont conscience - les IA ne sont pas immatérielles ! Derrière un Gemini, il y a des équipements qui demandent beaucoup de matériaux précieux, rares, et polluants à produire. L’entrainement d’un modèle LLM consomme autant d’énergie que plusieurs centaines de foyers français. Une requête sur ChatGPT utilise environ ½ litre d’eau. Les projections actuelles correspondent en 2027 à la consommation annuelle de la Belgique pour l’électricité et celle de la France pour l’eau.
Ces chiffres alarmants nous imposent de ne pas évaluer l’intérêt d’une IA sous le seul angle financier, mais de prendre également en compte son impact social et environnemental.
Vers un nouveau paradigme
La bonne nouvelle, c’est que le terrain est propice à l’instauration de ce nouveau paradigme. 58% des personnes interrogées dans le cadre d’une étude IPSOS conduite pour Sopra Steria estiment que l'intelligence artificielle a un rôle important à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Par ailleurs, plus de 6 personnes sur 10 se disent prêtes à intégrer des outils propulsés à l’IA dans leur quotidien pour mieux contrôler leur impact sur l’environnement. Des enseignements structurants qui confirment la nécessité de faire évoluer le processus d’idéation et surtout d’évaluation des solutions numériques.
Alors que de plus en plus d’organisations et de personnes font entrer des critères extra-financiers dans l’évaluation de leurs performances, et que la population française est clairement prête à accueillir des IA à impact environnemental et social positif, il est de notre devoir de penser de nouveaux outils pour pouvoir évaluer le rapport coût/bénéfice d’une IA en terme d’impact.
Nous devons compléter la vision purement financière des critères de retour sur investissement pour pouvoir lui adjoindre de façon systématique un ROI d’impact. Et c’est notre responsabilité ; à nous, entreprises de la tech ; à nous, utilisateurs et utilisatrices d’IA ; et à nous, citoyennes et citoyens de limiter notre utilisation de l’IA aux seuls projets dont le ROI d’impact est positif