PayLead, la Fintech spécialisée dans les réseaux de médias financiers

par Mung Ki Woo - Directeur des Opérations - Services Financiers
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Jacquelin Becheau La Fonta, co-fondateur, directeur de l'international & des partenariats, et Charles de Gastines, co-fondateur & CEO de Paylead.

L’apparition et la croissance du concept de “réseaux de médias financiers” nous vient tout droit du secteur de la distribution et correspond à la monétisation de type publicitaire des canaux numériques des banques. D’abord lancée aux Etats-Unis, notamment avec Chase, elle se développe désormais en France avec des initiatives telles the Corner de Boursorama.  

La société PayLead, spécialisée dans l’exploitation de la donnée de paiement pour offrir des récompenses personnalisées, est une pionnière dans ce domaine. Jacquelin Becheau La Fonta, co-fondateur, a accepté de revenir avec nous sur cette tendance et sur les perspectives de marché, avec des évolutions importantes attendues dans les années à venir.   

Jacquelin, peux-tu nous présenter ton parcours ? 

Je suis un entrepreneur dans l’âme. Étudiant j’ai créé une première entreprise, qui a été un échec – presque une aubaine si on suit la doctrine américaine ! Mais cela ne m’a pas démotivé au contraire. J’ai voulu passer par la case « grande entreprise » en pensant que ça m’aiderait à mieux entreprendre ensuite. Après 4 ans en tant que commercial chez Procter & Gamble, j’ai rejoint 2 belles scale-up françaises, MonDocteur racheté par Doctolib puis Stuart racheté par Geopost. Je voulais rejoindre ces projets pour me familiariser avec la culture startup et apprendre un maximum en vue de me lancer à nouveau dans l’aventure entrepreneuriale. J’ai sauté le pas avec la création de PayLead en 2016 en compagnie d’un ami, Charles de Gastines, entreprise pour laquelle j’agis à présent en tant que Directeur des Partenariats et de l’International. 

Quel a été le déclic qui a engendré la création de PayLead ? 

C’est la combinaison de 2 règlementations qui nous a inspirés dans la création de PayLead. D’un côté, le RGPD (Règlement général sur la protection des données), donnant un cadre de traitement sécurisé de la donnée personnelle des clients, et de l’autre, la DSP2 (Directive sur les services de paiement), qui a encadré l’accès aux données bancaires. C’est dans ce contexte que nous avons identifié le concept de « Card Linked Offers » (CLO), c’est du cashback rendu automatique grâce aux données de paiement des cartes. Déjà un succès aux Etats-Unis à partir de 2008, le procédé présentait un potentiel extrêmement intéressant en Europe.  

Nous avons alors lancé notre propre plateforme de CLO, que nous avons enrichie avec de nouvelles fonctionnalités, jusqu’à proposer une offre complète de « Financial Media ». C’est un segment de marché du Retail Media adapté aux besoins des établissements financiers, avec notamment une grande diversité de formats de fidélité pour les clients des banques. 

Nous travaillons aujourd’hui avec, d’un côté, une trentaine de banques et/ou établissements de paiement, et de l’autre, plus de 200 commerçants et marques. En 2023, notre plateforme a traité environ 62 milliards d'euros de transactions.   

Concrètement, vu du consommateur, comment fonctionne le cashback automatique, et en quoi est-ce mieux que le cashback traditionnel ? 

Le cashback - qu’il soit automatique ou traditionnel - consiste à rembourser au consommateur un pourcentage de son achat.  

Dans les faits, le CLO ou Cashback Automatique, est une offre de cashback proposée par une institution financière (banque ou fintech) à ses clients, qui bénéficient alors de ces avantages depuis leur application et par simple paiement avec la carte bancaire associée. La détection de l’achat se fait grâce à la donnée de paiement et le remboursement du cashback est effectué automatiquement, sans que le consommateur n’ait à activer l’offre.  

Il s’agit d’une tendance très forte de marché, que vous aviez par ailleurs identifiée au cours du dernier DBX publié par Sopra Steria, avec 76% de consommateurs se déclarant favorables au CLO et prêts à partager leurs données dans ce cadre. On note d’ailleurs un appétit croissant dans tous les pays Européens, qui se confirme dans toutes les études que réalisent les banques avec qui nous discutons et pour qui le cashback automatique fait systématiquement partie du Top 2 des fonctionnalités les plus attendues par leurs clients.  

En comparaison, le cashback traditionnel nécessite que le consommateur se rende sur un site spécialisé et active chaque offre qu’il souhaite utiliser. Ce qui va déclencher le téléchargement d’un cookie sur son navigateur, la redirection vers la page du commerçant sur laquelle il faudra qu’il fasse l’achat. Tout repose ici sur le cookie et non le paiement.  

Au-delà du fait que l’expérience est globalement très fastidieuse pour le client, cette méthode ne fonctionne que pour les achats en ligne, ce qui réduit beaucoup son intérêt. Pour autant, certaines applications, comme celle de Revolut, intègrent du cashback traditionnel dans de très bonnes expériences de réservation de voyages. On est ici dans une bonne illustration d’une approche plus globale de « Financial Media Networks » qui combine les différentes technologies disponibles.  

PayLead a récemment communiqué sur le succès de sa démarche avec le caviste Nicolas. En quoi les annonceurs sont positionnés au centre de votre plateforme ? 

 

Rappelons tout d’abord un fait important : derrière une offre de cashback, il y a avant tout un commerçant qui souhaite diffuser une campagne publicitaire. Les commerçants doivent y trouver un ROI.

Chez PayLead, nous faisons justement en sorte qu’ils trouvent cet intérêt. Premièrement car une banque est très sécurisante en termes d’image, ce qui offre un canal marketing privilégié pour les marques. Deuxièmement car les consommateurs tendent à ouvrir les communications envoyées par leur banque, ce qui veut dire que ce canal est particulièrement efficace. Troisièmement, la donnée dont il est question ici est unique.  

Nos analyses des données pseudonymisées de paiement permettent aux annonceurs d’effectuer des ciblages très précis et d’assurer l’efficacité de leurs campagnes. Et dernièrement, comme décrit précédemment, l’expérience client est simple, personnalisée et fluide, elle permet de réelles économies pour eux dans leurs dépenses du quotidien ce qui répond à une préoccupation forte des consommateurs.  

La notion de satisfaction client est donc au cœur de votre démarche. 

Bien sûr ! C’est le client final qui demeure au centre de notre modèle. Notre mission c’est d’intégrer les expériences de fidélité aux expériences de paiement des consommateurs. Nous voulons développer les synergies entre les banques et les marques pour enrichir chaque expérience d'achat.  

En parlant des banques, quels sont leurs bénéfices de la distribution d’une solution telle que PayLead auprès de leurs clients ? 

Il faut souligner que les banques sont d’ores et déjà contraintes de partager leurs données clients liées aux comptes de paiement et ce, gratuitement dans le cadre de la DSP2. Or, grâce à PayLead, elles peuvent finalement tirer avantage de l’exploitation de ces données.  

Tout d’abord, en se positionnant favorablement auprès de leurs clients, via une offre pertinente d’avantages dans le contexte actuel d’inquiétudes liées à l’inflation et au pouvoir d’achat. 

Également, via les nouvelles opportunités offertes par la monétisation. Indirectes, via l’augmentation de l’usage de la carte bancaire (et donc du renforcement de la relation-client) du fait de l’intégration de la récompense au moyen de paiement. Mais aussi directe, avec l’obtention - si elles le souhaitent - d’une commission d'apport d'affaires payée par PayLead.  

Tout ceci dans un cadre tout à fait sécurisé pour le client, puisque nous ne connaissons pas son identité, nous utilisons seulement des données de paiement pseudonymisées..   

Le concept de “Financial Media Network” (ou réseaux de médias financiers) fait une apparition remarquée. Pour toi, est-ce que le cashback automatique est finalement une première étape vers ce concept plus large de réseaux de médias financiers ? 

Ce concept a effectivement été popularisé cette année et nous vient du « retail media », un mouvement similaire observé dans la distribution, notamment avec des plateformes comme Amazon, qui générait 3,4% de son chiffre d’affaires sur ce segment de « retail media » en 2020. Un chiffre qui a presque doublé en 2023 à hauteur de 6,4%, avec des marges comprises entre 50% et 90%.  

Nous sommes à présent à un point d’inflexion similaire dans l’industrie bancaire, grâce à l’impulsion de grandes banques et l’utilisation de plateformes de CLO.  

L’annonce de Chase en avril dernier du lancement de Chase Media Solutions est vraiment emblématique de ce mouvement, comme le sont les récentes annonces de Revolut, Paypal et BoursoBank. Rappelons que Revolut a annoncé qu’ils visaient à réaliser 30% de leurs revenus grâce à leur nouvelle entité « Revolut Media Solution ».  

Ce qui est intéressant c’est que le lancement de Chase Media Solution est le fruit d’une stratégie mise en place très tôt, dès 2019. Et l’acquisition de Figg en 2022, une plateforme de CLO, a permis à Chase de se doter de toutes les capacités nécessaires pour lancer une offre de Financial Media.   

Quelle est votre vision pour PayLead et le marché dans les années à venir ?  

De notre point de vue, les pionniers du jour seront très probablement les leaders de demain et le mouvement des réseaux de médias financiers ne fait que commencer. 

En effet, en tant que client final, je demande toujours plus de personnalisation, de simplicité et d’accompagnement de ma banque pour assurer mon bien-être financier.  

Les banques font, quant à elles, face à une forte concurrence qui les force à réinventer leurs modèles de revenus, tout en optimisant la satisfaction de leurs clients. Les annonceurs, eux, doivent trouver des solutions efficaces pour fidéliser leurs clients. 

En tant que co-fondateur de PayLead, je veux continuer à innover. En plus du cashback automatique, nous préparons de nouveaux services autour de l’intégration des cartes de fidélité, de la gestion des abonnements, etc. 

En bref, nous sommes au début d’une époque passionnante, qu’il me tarde d’observer et d’influencer ! 

Vous souhaitez en savoir plus sur les réseaux de médias financiers ? Contactez dès maintenant notre experte Marine Lecomte, responsable des offres et des innovations pour les services financiers.  

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